Mardi 18  mai  2021
10 h 30
                              

              

 
 
 

 

Le chantier de l’identité numérique a connu de nombreux aléas depuis la naissance de l’informatique. C’est d’ailleurs un projet – avorté – d’identification informatique des Français à travers un numéro unique, le projet Safari, qui a donné naissance à la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) en 1978, avec un héritage durable : pas d’identifiant ni de registre unique des Français. Le projet Ines de carte nationale d’identité électronique sur laquelle se serait adossée une identité numérique sécurisée, lancé en 2003, tout comme celui porté par le groupement public-privé IdéNum à partir de 2010, ont tous deux échoué. 

 

          Nouvelle impulsion

Le programme  interministériel  France Identité numérique se voit chargé, en 2018, de mettre au point un moyen d’identification électronique correspondant au niveau de garantie le plus élevé d’authentification. Avec l’application mobile Alicem, le programme est rapidement confronté à une polémique, comme seuls les projets liés à l’identité savent en produire. Le recours à la reconnaissance faciale pour vérifier l’identité des utilisateurs lors de la génération de l’identité numérique à partir d’un titre électronique est vertement critiqué par les associations de défense des libertés sur Internet. Son sort finalement scellé l’année dernière, l’application aura tout de même constitué  un  terrain d’expérimentation .

Si le chantier est si compliqué, c’est parce que l’identité numérique touche à ce qu’il y a de plus intime et qu’elle rassemble autour d’elle toute une série d’attributs et de données personnelles dont l’informatisation fait craindre leur mise en danger.

 

L’identité numérique est pourtant la clé de la sécurisation de nos interactions en ligne, et donc de la lutte contre la fraude et les usurpations d’identité. Et ce d’autant plus que toutes les identités avec lesquelles nous nous connectons aujourd’hui aux services publics via FranceConnect correspondent au niveau de garantie le plus faible : un simple jeu d’identifiant et mot de passe.  L’identité numérique n’est pas un obscur programme du ministère de l’Intérieur, c’est d’abord un règlement européen, et une nécessité pour pouvoir attribuer des droits et des accès aux citoyens dans leur vie numérique.

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En attendant l’identité sécurisée garantie par l’État, les banques développent leurs propres systèmes d’authentification, tandis que les géants américains Google et Facebook gagnent du terrain. C’est donc, aussi et avant tout, un enjeu de souveraineté de l’État dans le monde numérique, État qui a intérêt à agir rapidement s’il ne veut pas laisser la main à des géants du numérique dont la commercialisation des données est le fonds de commerce.

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        Défis multiples

Cela étant dit, le chantier fait face à une diversité de défis. L’enjeu de sécurisation des interactions en ligne ne doit pas prendre le pas sur la promesse de simplification portée par les pouvoirs publics et attendue des usagers. Au sein du programme France Identité numérique, mais aussi de l’équipe FranceConnect, plusieurs designers veillent justement à toujours interroger les choix techniques et à remettre l’usager au cœur des réflexions. Et pas seulement pour fluidifier  l’expérience utilisateur. Depuis l’été 2020, FranceConnect donne ainsi à voir de manière transparente à l’usager, lorsqu’il se connecte à un service en ligne, les données qui seront communiquées lors de son authentification. L’adhésion des citoyens à la solution d’identification dépendra également, bien évidemment, des usages qui en découleront.

De nombreuses questions restent toujours en suspens, comme la sécurité du dispositif en lui-même, gage de la confiance que chacun voudra bien lui accorder. Son modèle économique non plus n’a toujours pas été tranché. Le coût total du programme est estimé à 500 millions d’euros sur dix ans.

       

        Un train de retard

Beaucoup croient néanmoins en la réussite, enfin, de cette énième tentative.  La question n’est plus de savoir si l’État va livrer, mais plutôt avec quel retard.  La sélection du futur prestataire qui devra bâtir cette identité sécurisée est dans les starting-blocks. Mais sa finalisation devrait une nouvelle fois arriver avec un train de retard : le déploiement de la carte d’identité électronique, sur laquelle elle s’appuie, débutera tout juste cet été. L’identité numérique, elle, ne sera lancée au mieux qu’à la fin de l’année. Et uniquement sur smartphone dans un premier temps.

 

 

 

 

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