28 décembre  2018

                

La Commission internationale de la santé au travail (C I S T) a été fondée en 1906. Son ambition : défendre la santé au travail à l’échelle mondiale. Entretien avec son secrétaire national français, le docteur Quentin Durand-Moreau.

 
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Quentin Durand-Moreau est médecin du travail et addictologue. Il est chargé de la consultation de psychopathologie professionnelle au centre de ressources maladies professionnelles du CHRU de Brest, membre du conseil d’administration et du comité scientifique de la Société française de médecine du travail et membre de la Commission internationale sur la santé au travail.

Conditions de travail, télétravail, risques psychosociaux… Votre définition de la santé au travail prend-elle en compte ces nouvelles réalités ?

La Cist prend en compte toutes les formes d’activité. Nous parlons bien de travail et pas d’emploi (au sens contractuel). Dans des pays comme le Vietnam ou le Mexique, les travailleurs informels peuvent représenter jusqu’à 70 % de la main-d’oeuvre : vendeurs de chips, taxis illégaux…
Pour la Cist, la santé au travail inclut la prévention et la gestion des facteurs de risques physiques, chimiques, biologiques et ergonomiques, la prévention des maladies professionnelles et des accidents de travail, la prévention des charges de travail excessives, la vigilance quant au déséquilibre entre la vie professionnelle et la vie personnelle…
Autrement dit, dans une organisation qui couvre 93 pays, la définition de la santé au travail regroupe des thématiques extrêmement larges et variées. Dans certains pays comme la France, les services de santé au travail sont obligatoires, dans d’autres la santé au travail est gérée sur le mode d’une consultation ponctuelle.

Quelles sont les actions concrètes de la Cist ?

À cause de la diversité des membres et de cette définition large de la santé au travail, les actions de la Cist ne sont pas uniformes d’un pays à l’autre. Le travail de la Cist reste d’abord celui d’une société savante c’est-à-dire qu’elle produit des recommandations à destination des services de santé au travail.
Tous ensemble nous discutons de projets internationaux pour faire avancer la cause des travailleurs. L’organisation n’a aucun pouvoir coercitif. Parfois, nous travaillons en lien avec les politiques pour essayer d’influencer des actions dans ce domaine mais ce n’est pas toujours le cas. Si la Cist ne peut rien imposer aux états, sa signature peut aider des militants à peser au niveau local

Le congrès de la Cist est considéré comme le plus grand événement mondial consacré à la recherche en santé et sécurité du travail. Quelles évolutions sont apparues depuis sa création, il y a cent ans ?

Il y a eu des évolutions en matière de risques professionnels. La pénibilité physique diminue globalement, tout du moins en France. Et une transformation s’opère en ce qui concerne la pénibilité psychique.

Depuis une dizaine d’années, des études médico-économiques montrent qu’améliorer les conditions de travail permet à long terme d’améliorer la productivité en plus de diminuer les maladies professionnelles. En clair, la prévention est rentable pour une entreprise. L’Asie, l’Europe, et peut-être l’Amérique du Sud l’ont bien compris : le risque psychosocial devient une priorité.  Je ne suis pas sûr que ce soit le cas en Amérique du Nord. 

 

 

                                                                          

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