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Le Cevipof
de Sciences Po et l’AMF viennent de publier une enquête
sur la vague sans précédent des démissions de
maires. Les édiles sont en effet de plus en plus
nombreux à jeter à l'éponge à cause, notamment, de
dissensions au sein des conseils municipaux. Les
violences, elles, n’apparaissent pas comme un élément
déclencheur de démission.
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Il ne se passe plus une journée en
France sans qu’un édile démissionne. À moins
d’un an des nouvelles élections municipales
et alors que l’Assemblée nationale est en
train de plancher sur le statut de l’élu
local, le Cevipof de Sciences Po et l’Association
des maires de France (AMF) viennent de publier
une enquête sur le phénomène sans précédent des
démissions de maires. Une étude basée sur
les données du répertoire national des élus
(RNE) du ministère de l’Intérieur.
Depuis les dernières élections de
2020, ces démissions ont en effet atteint un niveau
historique. Leur nombre a ainsi presque
été multiplié par 4 depuis la fin des années
2000. Alors que 129 démissions étaient
recensées en moyenne chaque année sur le
mandant 2008-2014, il y en a eu 209 par an sur
le mandat 2014-2020, avant de passer à 417 en
moyenne chaque année sur le mandat actuel.
Dans le détail, ce sont près
de 2.200 démissions qui ont été enregistrées
depuis les dernière élections municipales. C’est
environ 6% de maires qui ont quitté leur fonction
depuis leur élection, explique l’auteur de
l’étude, le politologue Martial Foucault (1).
Un chiffre en nette augmentation qui
confirme la fragilité de la fonction et les
difficultés à enrayer sa progression ,
abonde-t-il. Au total, entre septembre 2020 et
mars 2025, ce sont donc en moyenne 40 démissions
par mois qui ont été enregistrées, soit
plus d’une démission par jour.
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Les
dissensions politiques, première cause
de démission
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Mais, alors, comment expliquer ce phénomène ?
Le chercheur de Sciences Po avance plusieurs
causes, à commencer par les dissensions au
sein des conseils municipaux. Avec 30,9% des
cas recensés, ces tensions politiques sont
effectivement la principale cause avancée par
les maires démissionnaires. Leur décision
de quitter leur fonction fait suite à des
différends, disputes, conflits ou autres désaccords
au sein du conseil municipal, tantôt à
l’encontre des élus de l’opposition, tantôt,
et c’est le cas le plus fréquent, au sein
de la majorité, précise l’étude.
Selon
Martial Foucault, la crise du Covid-19 n’est
pas totalement étrangère à cette dégradation
de la cohésion des équipes municipales. En
raison des restrictions liées la crise
sanitaire, l’installation officielle des
maires n’a en effet eu lieu qu’en juillet
2020 alors qu’une très large majorité
d’entre eux avaient été élus dès le
premier tout au mois de mars. Aussi, explique
le politologue, les équipes n’ont pas
pu se retrouver en présentiel pendant de
longs mois ni même travailler sur les projets
arrêtés durant la campagne. Ce
contexte, poursuit Martial Foucault, a nécessairement
interrompu une dynamique collective en
particulier pour les citoyens nouvellement
engagés dans la vie de leur commune. |
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Pas de
lien de cause à effet entre violences
et démissions ... |
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Deuxième cause de démission avancée :
les successions programmées. Ces passations
de pouvoir anticipées et organisées dès le
début de la mandature sont citées par 13,7%
des maires qui ont démissionnés. Les
questions de santé physique sont, elles, évoquées
dans 13,1% des cas de démissions et la santé
mentale (fatigue, lassitude…), dans 5,1% des
cas.
Pour
Martial Foucault, néanmoins, il est
empiriquement impossible d’établir un lien
de cause à effet entre violences subies et démissions. De
quoi battre en brèche l’idée, souvent
avancée, selon laquelle l’augmentation des
démissions de maires serait liée à une
hausse du nombre du nombre de violences ou
d’agressions subis par ces derniers. Ces
situations de violences physique ou symbolique
à l’endroit des maires n’apparaissent pas
comme un élément déclencheur de démission, explique
le chercheur de Sciences Po. Moins d’une
quarantaine de cas sont ainsi recensés |
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(1) Martial Foucault, né le 24 décembre 1972 à Moulins (Allier) |
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est un politologue français,
directeur du CEVIPOF depuis 2014. |
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