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Mercredi |
2 octobre 2024 |
10 h 30 |
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A
la DGCCRF, les missions s’élargissent mais les effectifs
rétrécissent ...
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Parfois
méconnue du grand public, la DGCCRF, la
Direction Générale de la Concurrence, de la
Consommation et de la Répression des fraudes
est l’administration de l’Etat qui s’assure de
la conformité des biens, produits et services. Sa
mission est de protéger les consommateurs, ainsi
que d’assurer le bon fonctionnement des marchés
et de l’économie.
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Sur la
seule année 2023, ses agents auront mené 156
enquêtes nationales et près de 66.000 contrôles,
en s’affirmant notamment à la pointe de la
lutte contre l’écoblanchiment et des
pratiques commerciales illégales des
influenceurs. Johann Pascot, le secrétaire général
de la CFTC CCRF & SCL, revient ici sur les
missions de cette institution qui joue un rôle
pivot dans la régulation de l’économie
française, mais qui a dû faire face à la
perte de 20% de ses effectifs, ces 15 dernières
années. |
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Johann,
en préambule, pourriez-vous vous présenter
et nous expliquer les principales
missions de la DGCCRF ... |
J’ai intégré la Direction générale de
la Concurrence, de la Consommation et de la Répression
des fraudes, plus communément appelée DGCCRF,
en 2005. Je travaille à l’école nationale
qui est basée à Montpellier. Elle assure la
formation des agentes et agents qui
officient au sein de cette administration. En
ce qui concerne la DGCCRF, elle dépend du
ministère de l’Économie, des Finances et
de la Souveraineté Industrielle et Numérique.
L’action
de cette administration peut épouser des
formes très diverses, mais on peut la
structurer autour de ces missions essentielles
: protéger les consommateurs, assurer la
régulation concurrentielle des marchés et
lutter contre le blanchiment. Par ailleurs, la
DGCCRF participe aussi au développement des
politiques liées à la concurrence et à la
consommation, dans le cadre d’actions de
coopération européennes et internationales.
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Plus
concrètement, comment illustrer
l’impact des diverses missions confiées
à la DGCCRF ... |
Citons quelques cas d’enquêtes récents. D’abord, celui
de la « shrinkflation » :
la DGCCRF a investigué sur le phénomène, et
conclu que les grandes surfaces devaient
avertir leurs clients quand la quantité de
leur produit a diminué, sans que le prix
n’ait été réduit. Conséquemment, un arrêté
ministériel est entré en vigueur le 1er
juillet : il s’applique aux grandes
surfaces et les engagent à signaler à leurs
clients toute modification de volume à la
baisse des biens de consommation, durant les
deux premiers mois qui suivent cette
diminution.
Notre
autre gros dossier d’enquête du moment, c’est la
mise sous surveillance des pratiques
commerciales des influenceurs. Ces derniers
ont fait l’objet d’une intensification des
contrôles par la DGCCRF, qui ont doublé
entre 2022 et 2023. La moitié d’entre eux
présentaient des anomalies, qui peuvent
prendre des formes assez diverses : il
peut s’agir aussi bien de publicité
dissimulée, que des caractéristiques mensongères
qu’on prête à un produit. Quand un
influenceur fait la promotion d’injections
d’acide hyaluronique par une esthéticienne,
c’est illégal, il faut être médecin pour
faire ça. Idem quand des influenceurs
affirment que des compléments alimentaires
peuvent guérir certains cancers, ce qui est
évidemment faux. |
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La DGCCRF est également
à la pointe de la lutte contre l’écoblanchiment
(greenwashing)
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C’est l’une de nos priorités, car
notre administration joue aussi un rôle dans
l’accompagnement et la crédibilisation de
la transition écologique. A cet égard, un
quart des 1100 établissements que nous avons
contrôlés en 2021 et 2022 présentaient des
anomalies.
Notre
administration lutte notamment contre les
allégations environnementales injustifiées.
Celles-ci consistent à valoriser les caractéristiques
écologiques d’un produit, sans que ces
caractéristiques ne soient vérifiées et démontrées
scientifiquement. Les impacts significatifs
d’un produit à certaines étapes de sa
production ne doivent par exemple pas être
masqués. A titre d’illustration, la présentation
comme éco responsable de vaisselle en bois
importée de Chine peut être considérée
comme fallacieuse et illicite. Tout simplement
car le bilan carbone final du produit – du
fait de sa nature de bien importé – est
mauvais. |
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Comment
la DGCCRF est-elle structurée, pour
mener à bien ses missions ... |
Schématiquement, nous pouvons distinguer
d’une part les missions et métiers d’enquête,
et d’autre part les postes plus sédentaires.
Les premiers peuvent être exercés au niveau
départemental, ou régional. Il y a aussi le
service national d’enquête (SNE), qui a une
compétence nationale et agit sur de gros
dossiers. Sur la partie sédentaire, il existe
plusieurs types de métiers : entre
autres exemples, les agents chargés du
contentieux, les enquêteurs qui surveillent
le commerce électronique en investiguant sur
le web, la Brigades d’Enquêtes Vins et
Spiritueux, la Brigade Interrégionale d’Enquêtes
sur la Concurrence (BIEC) etc…
On peut ajouter à tout cela le
service commun des laboratoires (SCL), qui
travaille aussi avec la douane. Ce
laboratoire d’Etat est chargé d’analyser
les prélèvements que nous effectuons sur les
biens de consommation. Il s’agit, par
exemple, de s’assurer que les jouets mis sur
le marché ne présentent pas des risques
d’inflammabilité, ne comportent pas de
substances dangereuses etc… |
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Le périmètre
d’action de la DGCCRF est finalement
très large. Les effectifs de
l’administration vous-permettent-ils
de répondre à la multiplicité des
missions qui lui sont confiées … |
C’est
précisément le problème principal de la
DGCCRF. Pour vous donner un ordre d’idée,
sur la seule année 2023, la DGCCRF a contrôlé
66.000 établissements et sites internet,
notifié plus de 2.00 amendes administratives
et prononcé 1.500 transactions pénales, pour
un montant d’environ 57 millions d’euros récoltés. Notre
champ d’intervention a globalement tendance
à s’élargir (notamment sur le web – où
nous avons la possibilité de bloquer des
sites internet) mais encore faut-il qu’on
ait les moyens d’utiliser les outils à
notre disposition.
Aujourd’hui,
la DGCCRF rassemble autour de 2.800
fonctionnaires – dont 2/3 d’enquêteurs
– qui travaillent sur plus de 7.000 textes
de lois. Mais en 2007, nos services comptaient
3.700 personnes. Nous avons donc perdu un
quart de nos fonctionnaires en 15 ans. A ce
titre, la CFTC CCRF & SCL milite pour
plus de recrutements et un renforcement
des effectifs de l’administration. Ça nous
semble fondamental, car cette situation de
sous-nombre est susceptible de davantage
exposer les consommateurs et les entreprises
à un certain nombre de risques.
Faisons
une analogie simple : si vous voyez moins de
gendarmes sur la route, vous serez peut-être
moins incité à surveiller la qualité de
votre conduite. Dans un même ordre d’idée,
si on exerce moins de pression, de contrôles
et de prélèvements sur les entreprises, cela
peut les inciter à relâcher leur vigilance
et leur exigence. Quitte à ce que circulent
davantage de biens, produits et services, dont
la sécurité et la fiabilité n’est pas
toujours attestée. Je crois que c’est aussi
pour ça que nous avons besoin de visibiliser
et d’expliciter notre action : on parle
beaucoup – et légitimement – des
difficultés auxquelles doivent faire face la
fonction publique hospitalière ou l’éducation
nationale. Mais la DGCCRF délivre aussi un
service public qui protège les citoyens, qui
doit être proprement budgété et défendu.
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