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Signée en
2018 par les cinq confédérations syndicales et
trois organisations patronales représentatives en
France, la charte sociale des JO de Paris 2024 vise
à faire des prochains Jeux Olympiques un événement
responsable sur le plan économique, social et
environnemental.
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Délégué
syndical central chez Leroy Merlin, Jean-Marc
Cicuto représente la CFTC au Comité de cette
charte sociale qui se retrouvera le 6
novembre, pour faire un point d’étape sur
la préparation de la compétition. Il
explique ici, avec 4 questions, comment
le travail coordonné des partenaires sociaux
a permis de défendre les conditions de
travail de tous les salariés qui participent
à l’économie de l’évènement. |
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En premier lieu, pouvez-vous nous éclairer sur ce qui a motivé
l’élaboration de la charte sociale
des JO de Paris ? |
Cette
charte répond à un objectif simple : préserver
les droits des travailleurs, avant et après
les Jeux. Elle a été signée par les
organisations syndicales et patronales représentatives,
le Comité international olympique (CIO) et le
gouvernement. Sa bonne mise en œuvre et son
application sont du ressort du Comité qui lui
est rattaché et échange régulièrement avec
le CIO et son président, Tony Estanguet. La
mission du Comité de la charte sociale est
essentiellement d’agir comme une tour de
contrôle. Par exemple, nous effectuons une
visite régulière des chantiers, en vérifiant
si les conditions de travail des salariés –
telles qu’elles ont été déterminées par
la charte – sont bien respectées. Cette
vigilance est nécessaire : si tous les maîtres
d’œuvre (la personne encadrant l’exécution
et la bonne réalisation des travaux) se sont
engagés en signant la Charte, ils travaillent
souvent avec des sous-traitants, qui vont
eux-mêmes engager des sous-traitants et ainsi
de suite…Tous ne vont pas naturellement
respecter l’ensemble des contraintes et
normes préétablies. C’est donc à nous de
repérer les irrégularités, afin qu’elles
soient corrigées. A cet égard, la charte et
le contrôle de son application effective ont
donné des résultats sans équivoque : sur le
chantier du village et des sites olympiques, on
dénombre environ 5 fois moins d’accidents
que sur des chantiers de taille équivalente |
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Outre les considérations sanitaires et sécuritaires des chantiers,
quels autres enjeux sont au cœur de la
mission du Comité de la charte Sociale
des JO de Paris? |
Notre champ
d’intervention est en réalité assez large.
Même si le Comité n’a pas de pouvoir
strictement décisionnel, il a un droit
de regard sur de nombreux processus et normes
organisationnels. Nous pouvons ainsi consulter
les appels d’offres émis auprès des
entreprises de restauration et de sécurité,
qui voudraient travailler sur les sites
olympiques : en somme, nous vérifions qu’il
n’y a pas de passe-droits ou d’irrégularités
vis-à-vis des prestataires choisis.
L’organisation des JO peut aussi parfois nécessiter
la modification ponctuelle de régulations
sociales : à ce titre, le gouvernement nous a
consultés quant à la rédaction d’un décret
sur le travail du dimanche, qui devrait, par
exemple, concerner certains fonctionnaires du
Ministère des sports, pendant l’évènement.
Le Comité incite aussi les entreprises qui
remportent ces appels d’offre à se projeter
sur l’après JO : par exemple, dans la
restauration, les entreprises concernées se
sont engagées à transformer minimum 10% des
emplois des emplois en CDD crées pour l’évènement
en CDI.
D’un point de vue plus
strictement économique, le Comité est également
consulté sur les fermetures qui vont
concerner certains magasins pendant la compétition
: les sites commerciaux proches des enceintes
sportives vont en effet être soumis à des
restrictions de circulation et d’accès
importants, qui devraient les contraindre à
cesser temporairement leur activité. Ce sera
probablement le cas du magasin Leroy Merlin où
je travaille, qui est situé juste à côté
du stade de France. Via le Comité de la
charte Sociale, les syndicats sont donc
sollicités pour évaluer quelles entreprises
seront le plus susceptibles d’être impactées,
comment dédommager leurs salariés pendant
cette période non-travaillée, quelle
compensation commerciale l’Etat pourrait
verser pour dédommager la perte de chiffres
d’affaires de ces sociétés etc… |
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Un événement d’une telle ampleur nécessite
un accès optimisé aux transports et
aux infrastructures sportives, y compris
pour le public handicapé. Le Comité
s’est-il aussi saisi de ces enjeux ? |
C’est évidemment
une préoccupation importante du Comité. Par
exemple, nous savons que les taxis auront accès
à des zones de dépose spécifiques sur les
sites olympiques. C’est une très bonne
chose, mais ces espaces préférentiels ne
sont, pour l’heure, pas prévus pour être
accessibles aux VTC. Si cette réglementation
n’évolue pas, un chauffeur VTC qui devra
conduire une personne handicapée à une
enceinte sportive n’aura donc pas d’autre
choix que de la déposer à 1 ou 2 kilomètres
du lieu où celle-ci souhaite se rendre. Nous
allons donc prochainement demander à ce que
les VTC aient le même accès aux sites
olympiques que les taxis. Le Comité de
la charte Sociale veille aussi à ce que les
logements du village olympique soient intégralement
accessibles aux personnes handicapées. La
moitié des constructions de ces sites seront
reconvertis en logements sociaux après les JO
et doivent donc garantir une accessibilité
complète aux personnes en situation de
handicap. Par ailleurs, le Comité a demandé
et obtenu que les accompagnateurs des
personnes handicapées lors des compétitions
sportives paient leurs billets à prix réduit. |
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En septembre 2022, le ministre de l’intérieur
Gérald Darmanin avait expliqué qu’il
fallait « environ 25 000 agents de
sécurité privée en plus », pour
sécuriser correctement les Jeux
Olympiques de Paris. Qu’en est-il
aujourd’hui ? |
Il manque
encore 17.000 agents de sécurité pour
l’événement, agents qu’il faudra nécessairement
former. C’est un enjeu crucial pour le Comité
de la charte sociale : s’il y a une carence
d’agents de sécurité, une grande partie
des effectifs des services de police de la région
parisienne risque d’être concentrée sur le
JO. Ils mettront forcément plus de temps à
intervenir, s’ils doivent gérer un problème
extérieur à la compétition. La position du
Comité, c’est donc d’alerter en
permanence le gouvernement, pour qu’un
nombre suffisant de professionnels de la sécurité
puissent être embauchés. On demande
notamment à l’Etat de faire davantage
pression sur le patronat, pour augmenter réellement
les salaires : les hausses obtenues lors des
dernières négociations de branche
(+7,5%) couvrent à peine l’inflation. Il
faudrait que les entreprises du secteur
puissent proposer des rémunérations
autrement plus conséquentes, pour renforcer
l’attractivité de ces métiers. |
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