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Les
révélations du journaliste indépendant
Victor Castanet, dans son livre
« Les Fossoyeurs »,
ont secoué la société. Nombreux sont
celles et ceux à avoir pointé du doigt
les modalités de contrôle des Etablissement
d'Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes
(Ehpad).
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Frédéric Fischbach, secretaire général de la Fédération CFTC Santé Sociaux, répond
aux nombreuses questions que l’on
peut se poser. |
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Pensez-vous que le scandale Orpea se résume à une question de
surveillance ?
À l’heure actuelle, il faut savoir que
les Ehpad s’autoévaluent tous les cinq
ans. Toutefois, cette évaluation n’est
pas optimale puisqu’elle vise à déterminer
si les établissements ont bien respecté
des pratiques qu’ils ont eux-mêmes énoncées,
avec des critères d’autoévaluation
caractérisés par une standardisation des
procédés où la performance technique
n’est mise en avant que pour le suivi
informatique et/ou la recherche de normes
productives, comme le temps effectué pour
certaines tâches du quotidien, toilettage
et autres.
Pour
éviter les dérives financières que nous
avons pu observer dans l’affaire Orpea, il
faut, bien entendu, de la surveillance. Il
faut notamment des contrôles menés par les
Agences régionales de santé (ARS) sur le
bon usage du budget octroyé. Mais
attention, il ne faut pas que ce soit de
simples contrôles administratifs. Il faut
concrètement aller voir le travail effectué
par les équipes sur le terrain concernant
les conditions d’accueil, de prise en
charge et d’accompagnement des usagers.
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L’enquête livrée dans l’ouvrage de Castanet évoque
et illustre par des récits la question
problématique de la gestion des tâches en
Ehpad, que pouvez-vous nous en dire ?
Le
contrôle de l’activité se concentre sur
le temps consacré à chaque tâche et
privilégie le temps des tâches mécaniques
(lever, laver, habiller, etc..) au temps des
tâches « sociales », renforçant
de fait l’industrialisation des relations
avec les personnes âgées. Ainsi le
renforcement des contrôles, s’il s’avère
utile, ne réglera pas pour autant tous les
dysfonctionnements vécus au quotidien
par les personnes accueillies dans les établissements.
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Justement, que dit la CFTC, elle qui défend la dignité
absolue de la personne, face à ces dérives ?
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À la CFTC, nous pensons que nous ne pouvons pas seulement nous fier à
un accueil mécanique. Ces personnes ne sont
pas juste des numéros ou de « l’or
gris », comme on a pu l’entendre.
Elles ont participé à la prospérité de
notre pays et nous nous devons de prendre
soin d’elles jusqu’au bout. Nous ne
devons pas quantifier le temps qui est donné
aux tâches.
La CFTC est pour une ré-humanisation du processus
d’accueil, de la prise en charge et de
l’accompagnement des usagers, voire même
pour une ré-humanisation de la personne âgée,
qui, souvent, n’est plus considérée
comme appartenant à la société.
Nous devons veiller à ce que son intégrité physique et
morale soit respectée. Nous avons une dette
sociale envers ces personnes. Nous nous
devons de les prendre en charge de la
meilleure des façons.
C’est
pourquoi la CFTC défend la création de
médiateurs conventionnels, indépendants et
impartiaux mis à la disposition des résidents,
afin d’entendre leur voix et de leur
permettre de résoudre les différends
qu’ils rencontrent au sein des établissements.
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Qu’en est-il du personnel soignant ?
Le
concernant, nous remarquons depuis un moment
que les démissions « pleuvent »
dans ces corps de métier : les
soignants perdent l’envie de soigner, les
jeunes tournent le dos à cette vocation...
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Comment leur redonner envie ?
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À la CFTC, nous pensons que pour redonner envie, il faut
déjà mieux former. Si plusieurs raisons
expliquent les démissions à répétition
et les difficultés de renouvellement des
postes, c’est en partie parce que une
fois en situation, les professionnels font
face à une réalité lourde à laquelle ils
n’ont pas été suffisamment formés,
correctement préparés et encadrés. Nous
avons bien vu la panique des jeunes
infirmier(e)s mobilisé(e)s lors de la crise
du Covid-19. Nous devons donc renforcer
la formation.
Cela peut passer, par exemple, par un panier minimum de
services autour du service national
universel, afin de se lier au tissu
associatif pour faire naître des vocations
ou pour que les jeunes soient réellement
confrontés aux difficultés que ces métiers
peuvent représenter.
Il y a eu une évolution, en termes de formation et de
recrutement, avec la mise en place de
l’apprentissage pour les
aides-soignant(e)s, ce qui permet à la fois
de préparer petit à petit la personne au métier,
tout en continuant à suivre une formation
académique. Toutefois, le prix de cette
formation, à savoir 5 000 euros, peut
en décourager beaucoup. C’est
pourquoi la CFTC est pour sa gratuité.
Il
faudrait également augmenter le nombre de
places dans ces formations et mieux cibler
le profil des candidat(e)s pour éviter les
démissions par la suite. Il faudrait aussi
faciliter l’entrée en formation des
aides-soignant(e)s qui souhaitent devenir
infirmier(e). Et je le répète, mais il
faut absolument démystifier la personne âgée
auprès des jeunes et former ces derniers
aussi bien aux soins techniques que « relationnels ».
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Le principal levier d’amélioration ne serait-il pas la
revalorisation des diplômes et des parcours
professionnels liés aux métiers de
l’accompagnement à l’autonomie ?
Oui, tout à fait. La CFTC souhaite, par exemple, que les
préconisations du rapport El Khomri « Plan
de mobilisation nationale en faveur de
l’attractivité des métiers du grand âge »
soient mises en application.
Mais
il ne faut pas oublier que cette
revalorisation des diplômes et des parcours
passe d’abord par la reconnaissance des métiers
de l’accompagnement à l’autonomie. Ces
métiers dit du « care »,
à savoir du soin, ont une forte valeur
sociale ajoutée mais ne sont pas reconnus. La
CFTC défend depuis longtemps la
reconnaissance de l’utilité sociale de
ces métiers pour qu’ils soient mieux rémunérés.
Notons d’ailleurs que la résolution de ce
problème participerait à améliorer l’égalité
professionnelle entre les femmes et les
hommes puisque les métiers du soin sont
principalement occupés par des femmes.
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CFTC
DDFiP Pas-de-Calais tiendra son
Assemblée Générale Annuelle
le
19 mai 2022.
Pour
en savoir plus, il suffit de cliquer
sur l'image ci-contre. |
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