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Dans un référé,
la Cour des comptes demande une plus
grande automatisation des vérifications
d’identité bancaire par les
organismes sociaux pour lutter contre
les détournements de prestations
sociales. Un chantier amorcé il y a dix
ans par notre administration, la DGFiP,
mais qui n’a toujours pas abouti.
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Pierre Moscovici |
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Ce
n’est pas la solution miracle, mais
la plus élémentaire.
Le premier président de la Cour des
comptes, Pierre Moscovici demande à
l’administration des efforts supplémentaires
pour généraliser le croisement des
données des organismes de sécurité
sociale avec le fichier national des
comptes bancaires et assimilé (Ficoba)
de notre DGFiP. Objectif : réduire
les fraudes aux prestations sociales,
dont le montant reste difficile à
estimer. L’automatisation de ce
croisement permettrait de s’assurer
de manière systématique que les
prestations sont versées sur le bon
compte bancaire. Si
les organismes de protection sociale
ont pris, souvent en urgence, diverses
mesures destinées à prévenir les
risques de détournement, force est de
constater qu’ils ne procèdent pas
suffisamment à la mesure simple
consistant à rapprocher les coordonnées
bancaires qu’ils utilisent pour opérer
leurs règlements, avec le fichier
Ficoba, qui recense, sous certaines
limites, les coordonnées bancaires
des résidents français déclarées
par leurs banques, écrit
Pierre Moscovici dans un
référé adressé le 9 février aux
ministres de la Santé, de l’Economie,
et des Comptes publics |
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Selon
la Cour des comptes, les fraudes aux
prestations sociales détectées ont augmenté
et restent importantes par rapport à
d'autres secteurs économiques : 4 milliards
d’euros en 2020, soit 2,5 % du total
des montants détournés repérés par la
Banque de France, alors que la sphère
sociale ne pèse que pour 2 % du total
des règlements par virements bancaires. L’usurpation
de coordonnées bancaires par des tiers
malveillants afin de bénéficier de
prestations injustifiées fait intervenir
deux schémas fréquents : le
changement frauduleux de RIB afin de détourner
des prestations versées à bon droit, qui
peut notamment être réalisé par hameçonnage
(phishing) ; la création de faux
dossiers ou la réactivation frauduleuse de
dossiers existants, accompagnée de la prise
en compte de RIB frauduleux, constatait
la Cour des comptes dans un rapport de 2020 sur
la lutte contre les fraudes aux prestations
sociales pour le compte du Sénat. Celui-là
même auquel fait suite le référé publié
lundi 9 mai.
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La
Cour regrettait, déjà, la trop faible
consultation du Ficoba par les organismes de
protection sociale : l’Assurance
maladie, la Caisse nationale des allocations
familiales, la Mutualité Sociale Agricole
ou encore l’Agirc-Arrco. Ils sont
pourtant, avec Pôle Emploi, autorisés
depuis 2007 à consulter ce fichier
national opéré depuis 50 ans par la
DGFiP, justement pour vérifier que les
prestations sont versées aux bonnes
personnes. Cette consultation a ensuite été
facilitée en 2017, mais le chantier
informatique lancé en 2015 entre la
direction de la Sécurité sociale, la Cnav
et la DGFiP pour vérifier automatiquement
l’identité des titulaires de comptes
bancaires grâce au Ficoba ne semble
toujours pas porter ses fruits. Le principe
de ce projet a été arrêté il y a plus de
dix ans. Cependant, dix reports successifs
de la date de mise en service des échanges
sont intervenus entre 2018 et 2021, rappelle
la Cour, tout en invitant la DGFiP à résoudre
dans les meilleurs délais, les difficultés
techniques qui empêchent la mise à
disposition de l’accès à Ficoba à
l’ensemble des organismes de protection
sociale.
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À ce jour, seule la Caisse nationale des
industries électriques et gazières a
effectué un tel rapprochement avec
Ficoba, selon le référé de la
Cour. Aucun
des autres organismes - caisses
d’allocations familiales, caisses
d’assurance maladie, caisses et autres
organismes de retraite, Pôle Emploi -
n’a procédé au rapprochement de son
stock de coordonnées bancaires avec
Ficoba et n’effectue de manière
systématique celui des nouvelles coordonnées
reçues, déplore-t-elle. Encore aujourd’hui, la CAF ne
fait ce rapprochement que pour 18% des
nouvelles identités bancaires, l’Assurance
maladie dans 30% des cas, et l’Assurance
vieillesse dans seulement 6% des cas. Des
aveux même de la Cour dans son rapport de
2020, les détournements de prestations ne
sont pas les fraudes les plus fréquentes,
mais les plus simples, selon elle, à éviter.
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