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Le
chantier de l’identité numérique a
connu de nombreux aléas depuis la
naissance de l’informatique. C’est
d’ailleurs un projet – avorté –
d’identification informatique des Français
à travers un numéro unique, le projet
Safari, qui a donné naissance à la
Commission nationale de l’informatique
et des libertés (Cnil) en 1978, avec un héritage
durable : pas d’identifiant ni de
registre unique des Français. Le projet
Ines de carte nationale d’identité électronique
sur laquelle se serait adossée une
identité numérique sécurisée, lancé
en 2003, tout comme celui porté par le
groupement public-privé IdéNum à partir
de 2010, ont tous deux échoué.
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Nouvelle impulsion
Le
programme interministériel France
Identité numérique se voit chargé, en
2018, de mettre au point un moyen
d’identification électronique
correspondant au niveau de garantie le
plus élevé d’authentification. Avec
l’application mobile Alicem, le
programme est rapidement confronté à une
polémique, comme seuls les projets liés
à l’identité savent en produire. Le
recours à la reconnaissance faciale pour
vérifier l’identité des utilisateurs
lors de la génération de l’identité
numérique à partir d’un titre électronique
est vertement critiqué par les
associations de défense des libertés sur
Internet. Son sort finalement scellé
l’année dernière, l’application aura
tout de même constitué un terrain
d’expérimentation .
Si
le chantier est si compliqué, c’est
parce que l’identité numérique touche
à ce qu’il y a de plus intime et
qu’elle rassemble autour d’elle toute
une série d’attributs et de données
personnelles dont l’informatisation fait
craindre leur mise en danger.
L’identité
numérique est pourtant la clé de la sécurisation
de nos interactions en ligne, et donc de
la lutte contre la fraude et les
usurpations d’identité. Et ce
d’autant plus que toutes les identités
avec lesquelles nous nous connectons
aujourd’hui aux services publics via
FranceConnect correspondent au niveau de
garantie le plus faible : un simple
jeu d’identifiant et mot de passe. L’identité numérique n’est pas un obscur
programme du ministère de l’Intérieur,
c’est d’abord un règlement européen,
et une nécessité pour pouvoir attribuer
des droits et des accès aux citoyens dans
leur vie numérique.
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En
attendant l’identité sécurisée
garantie par l’État, les banques développent
leurs propres systèmes
d’authentification, tandis que les géants
américains Google et Facebook gagnent du
terrain. C’est donc, aussi et avant
tout, un enjeu de souveraineté de l’État
dans le monde numérique, État qui a intérêt
à agir rapidement s’il ne veut pas
laisser la main à des géants du numérique
dont la commercialisation des données est
le fonds de commerce.
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Défis multiples
Cela étant dit, le chantier fait face à une diversité de défis.
L’enjeu de sécurisation des
interactions en ligne ne doit pas prendre
le pas sur la promesse de simplification
portée par les pouvoirs publics et
attendue des usagers. Au sein du programme
France Identité numérique, mais aussi de
l’équipe FranceConnect, plusieurs
designers veillent justement à toujours
interroger les choix techniques et à
remettre l’usager au cœur des réflexions. Et
pas seulement pour fluidifier l’expérience utilisateur. Depuis l’été 2020,
FranceConnect donne ainsi à voir de manière
transparente à l’usager, lorsqu’il se
connecte à un service en ligne, les données
qui seront communiquées lors de son
authentification. L’adhésion des
citoyens à la solution d’identification
dépendra également, bien évidemment,
des usages qui en découleront.
De
nombreuses questions restent toujours en
suspens, comme la sécurité du dispositif
en lui-même, gage de la confiance que
chacun voudra bien lui accorder. Son modèle
économique non plus n’a toujours pas été
tranché. Le coût total du programme est
estimé à 500 millions d’euros sur
dix ans.
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Un train de retard
Beaucoup
croient néanmoins en la réussite, enfin,
de cette énième tentative. La question n’est plus de savoir si l’État
va livrer, mais plutôt avec quel retard. La sélection du futur prestataire qui devra bâtir
cette identité sécurisée est dans les
starting-blocks. Mais sa finalisation
devrait une nouvelle fois arriver avec un
train de retard : le déploiement de
la carte d’identité électronique, sur
laquelle elle s’appuie, débutera tout
juste cet été. L’identité numérique,
elle, ne sera lancée au mieux qu’à la
fin de l’année. Et uniquement sur
smartphone dans un premier temps.
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