Mardi 13 avril  2021
                       

                               
 

La poursuite de la crise sanitaire vient confirmer les nombreuses inquiétudes pesant jusqu’alors sur la situation des finances locales. La pandémie continuera de peser sur l’épargne brute des collectivités locales durant les deux prochaines années, prédit Standard & Poor’s dans sa dernière étude annuelle sur les tendances financières des collectivités, publiée lundi 29 mars.

L’agence de notation anticipe ainsi une baisse de cette épargne brute pour tous les échelons territoriaux à 14 % en moyenne de leurs recettes de fonctionnement en 2021-2022, contre 16,5 % en 2019. Surtout, ajoute-t-elle, la hausse des dépenses de fonctionnement, en lien avec les dépenses sociales et le coût de la relance économique, va accentuer la pression sur les finances des collectivités. Et notamment sur les finances départementales.

         

        Déséquilibres aggravés

Pour Standard & Poor’s, en effet, les départements étaient et resteront les plus vulnérables. Ceux-ci figurent déjà parmi les collectivités les plus touchées par la pandémie en raison d’un manque de flexibilité budgétaire et d’une forte exposition aux cycles économiques, souligne l’agence de notation. La conséquence persistante de déséquilibres structurels entre les recettes et les dépenses des départements. À savoir le fameux « effet ciseaux », entre hausse des dépenses (liées au revenu de solidarité active notamment) et baisse des recettes. 

Ces déséquilibres ont été aggravés  par la réforme de la fiscalité locale consécutive à la suppression de la taxe d’habitation, ajoute Standard & Poor’s en rappelant que le dernier levier fiscal des départements – la taxe foncière – a été remplacé par une fraction de TVA, sans pouvoir de taux et très sensible à la conjoncture économique. 

La récession engendrée par la crise n’a pas affecté le marché immobilier autant que nous l’avions anticipé, tempère malgré tout l’agence. Alors qu’une chute vertigineuse des droits de mutation à titre onéreux (DMTO) était envisagée, les estimations récentes indiquent que ces frais de notaire, dont bénéficient pour partie les départements, ne diminueraient que de 2 % en 2020. Avec de forts écarts, toutefois, entre zones rurales et urbaines. 

        Soutien de l’État insuffisant 

Plus élevés que prévu, les DMTO ont donc contribué à amortir le choc, selon Standard & Poor’s. Reste que d’importantes incertitudes subsistent quant à ces frais de notaire en 2021 et 2022, en raison du flou sur le marché de l’immobilier. 

Selon l’agence, par ailleurs, les mesures de soutien aux départements décidées par le gouvernement ne seraient pas suffisantes : Nous considérons que les mesures nationales, telles que les avances ou abondement supplémentaire à la péréquation, ne suffiront pas à compenser la hausse des dépenses sociales et la baisse des recettes de CVAE (cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises)

Autant d’arguments que les départements et leurs relais au Parlement ne manqueront pas de reprendre lors de l’examen des prochains budgets, mais aussi du projet de loi “4D” (Décentralisation, Différenciation, Déconcentration et Décomplexification). Ce texte, que l’exécutif veut voir adopté avant la fin de la mandature, prévoit notamment d’expérimenter une recentralisation du financement du RSA. Une dépense sociale qui, à coup sûr, va continuer à augmenter en 2021 et 2022, poursuite de la récession oblige.

 

      

Standard & Poor's (S&P) est une filiale de McGraw-Hill qui publie des analyses financières sur des actions et des obligations. C'est une des quatre principales sociétés de notation financière, avec Moody's, Fitch Ratings et Dagong.

 

 

 

 

 

 

 

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