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Entre
les sapeurs-pompiers professionnels
et le gouvernement, le torchon
brûle. Les soldats du feu ont
initié un mouvement de grève le 26
juin, qui devrait durer jusqu’au
31 août. Cette action
intersyndicale à laquelle participe
la CFTC, illustre le ras-le-bol
général d’une profession en
détresse.
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Affichages,
rassemblements spontanés, grèves (mais
jamais plus de 50 minutes, devoir oblige…)
depuis le 26 juin, les casernes de pompiers
fleurissent de banderoles et de messages. Et
cela risque de se poursuivre tout l’été.
Les pompiers interpellent la population sur
leurs conditions de travail, fortement
dégradées. Avec les dérèglements
climatiques, par exemple, les premiers à
braver tempêtes de neige, orages
dévastateurs, étés caniculaires, restent
les pompiers. Pourtant, leur mal-être n’est
pas entendu.
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Revendication
n°1 : se mettre d’accord sur
la définition de la sécurité civile |
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«
Nous avons déposé notre préavis de
grève le 26 juin. Depuis, il ne s’est
rien passé. Aucune table de
négociation n’est ouverte, aucune
discussion entamée. C’est le
silence absolu du gouvernement. C’est
inadmissible » déplore Frédéric
Perrin, responsable du syndicat CFTC
SPASDIS (Sapeurs-Pompiers et Agents
des Services Départementaux d’Incendie
et de Secours). |
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Les
pompiers sont gérés par deux
entités : le préfet en tant que
représentant de l’Etat et les
collectivités locales pour le financement.
L’intersyndicale, composée de 7
organisations syndicales, revendique une
mesure phare : rassembler tous les
acteurs (ministère de l’Intérieur,
ministère de la Santé, association des
maires de France, association des
départements…) autour d’une table. L’objectif
: redéfinir ensemble la sécurité civile
en France.
Les
syndicats réclament aussi une augmentation
de la prime de feu. Cette prime, qui date de
1990, n’a jamais évolué… Entre temps,
le métier a été reconnu comme dangereux
en 2004 : on compte un décès en
moyenne par mois. C’est une épée de
Damoclès au-dessus de la tête des pompiers
quand ils partent en opération. Mais aucune
mesure n’a été prise pour compenser la
dangerosité du métier. « La seule
incidence que nous avons observée est d’ordre
personnel. Quand j’assure ma maison ou ma
voiture, je paie plus cher parce que mon
métier s’avère dangereux » commente le
militant de 46 ans, adhérent à la CFTC
depuis 1995. |
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Côté salaires, à la
différence de leurs autres collègues,
fonctionnaires territoriaux, les pompiers,
de par leur statut particulier, gagnent un
salaire, constitué à 43 % de primes. L’intersyndicale
demande que les primes soient intégrées
dans le salaire et dans le calcul des droits
à retraite. Pour éviter de pénaliser les
pompiers qui auraient des accidents de
parcours (seule la prime de feu entre
aujourd’hui dans ce calcul). « Un pompier
qui se retrouve inapte ou reclassé dans l’administration
territoriale, va perdre tous les avantages,
en particulier les primes, liés à son
statut. Il partira avec une retraite plus
petite. C’est ne pas reconnaître les
années de service pour le bien de la
population » affirme Frédéric Perrin.
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Plus
de 80 % des interventions concernent le
secours à personne
A
9 ans, Frédéric Perrin faisait déjà partie
de l’association des jeunes sapeurs-pompiers
de Chaumont. A 16 ans, il rejoint l’effectif
des pompiers volontaires. Puis devient
naturellement professionnel en 1994. Avec l’envie
de s’engager au service des autres : « On n’exerce
pas ce métier par hasard ou alors on se
trompe. »
Il
a vu évoluer son métier… dans le mauvais
sens : augmentation du nombre d’interventions,
sous-effectifs, manque de moyens. « Il s’agit
d’une véritable problématique de gestion
de la sécurité civile en France. Les
pompiers de Paris et les marins pompiers de
Marseille assurent la sécurité civile
(porter secours à la population, protéger
les biens et l’environnement). Pour y
arriver, nous travaillons avec d’autres
services quasi-absents, à commencer par la
santé. Conséquence : les pompiers restent
les seuls à répondre sur tout le territoire,
en tout temps et à toute heure » explique
Frédéric Perrin.
Pour
le militant CFTC, la sur sollicitation des
interventions des sapeurs-pompiers résulte, d’une
part de l’absence des services de santé
(déserts médicaux, fermeture des services
hospitaliers) et d’autre part des décisions
politiques. Selon les statistiques des
services d’incendie et de secours
(édition 2018), le secours à personne
représente plus de 80 % des interventions des
pompiers contre 65 % dans les années 2000.
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Concrètement,
les pompiers assurent davantage des missions
de transport de personnes nécessitant un
bilan médical ou de l’assistance (apporter
à boire et à manger à des routiers bloqués
sur l’autoroute lors d’une tempête de
neige par exemple) que des urgences vitales
(malaise cardiaque, accident grave de la
circulation, hémorragie abondante), qui,
elles, entrent dans leurs prérogatives.
Autrement dit, les pompiers répondent
davantage à des services qui ne relèvent pas
de leurs missions premières. Car selon
Frédéric Perrin, le Samu ne prend pas ses
responsabilités.
En
parallèle, les agressions augmentent et se
banalisent. Le métier est devenu pénible en
plus d’être dangereux. Cela génère du
stress grandissant ainsi qu’une baisse de
motivation et des vocations. De plus en plus
de pompiers en proie au mal-être quittent la
profession. Pire, le taux de suicide chez les
sapeurs-pompiers est bien plus élevé que la
moyenne des Français. Le métier attire mais
moins qu’avant. Même les jeunes volontaires
semblent de moins en moins intéressés par le
concours qui leur permettrait de devenir
pompiers professionnels. « Le rêve de gosse
du pompier s’efface mais les politiques
parlent d’économies » dit Frédéric
Perrin.
Au
ministre de l’Intérieur qui a demandé à
tous les préfets de réaliser « un
diagnostic sur la sécurité des pompiers »,
le syndicaliste répond, las : « Il faut qu’on
arrête les diagnostics. En France, on fait
des rapports, enquêtes et diagnostics. Mais
derrière, il ne se passe rien.» Il ajoute,
révolté : « Il est temps d’agir ! » On
a envie de conclure avec ce mot, si simple,
qui fait partie de la devise des pompiers et
qui a tout son sens : « courage »…
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