"Le
monde n'appartient ni aux mous, ni aux tièdes, ni aux pusillanimes.
Il appartient à ceux, qui résolus à rester debout, savent faire
preuve de la qualité sans doute la plus rare de l'espèce humaine, le
courage..."
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mardi
24 juillet 2018
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Nous
sommes en pleine période estivale, et c’est le
moment des congés. Mais, avant la loi du 20 juin
1936, instituant deux semaines de congés payés pour
tous les salariés, peu d'employés et d'ouvriers bénéficiaient
de vacances rémunérées, à la différence de
l'Allemagne ou des pays scandinaves qui avaient
institué les congés payés dès le début du XXe siècle.
Petite histoire d'une grande idée.
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48% des Français comptent s'octroyer de « vraies vacances cette année
» (au moins quatre nuits). Certes, effet de
la crise, ce taux est historiquement bas
(ils étaient encore 53% en 2012). Mais que
dire alors si, en juin 1936, le gouvernement
du Front populaire n'avait pas octroyé à
l'ensemble des salariés 15 jours de congés
payés. Une véritable révolution, non
seulement sur le plan social mais aussi économique
avec l'essor de l'industrie touristique.
Avant 1936, le principe des congés payés
en France était très limité. Alors que
plusieurs pays les avaient déjà instaurés.
Il en va ainsi, notamment, en Allemagne dès
1905, en Autriche-Hongrie et dans les pays
scandinaves depuis 1910, en Tchécoslovaquie,
Pologne, Luxembourg, au début des années
20, puis en Grèce, Roumanie, Espagne,
Portugal ainsi qu'au, Chili, Mexique, Brésil,
entre la fin des années 20 et le début des
années 30.
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Tout
a commencé sous... Napoléon III
En
France, donc, les congés payés restent
cantonnés à quelques secteurs, malgré
diverses tentatives législatives en 1928,
1931 et 1932 pour les généraliser, régulièrement
re-toquées par le Sénat. Qui sont ces
quelques privilégiés ? Les fonctionnaires
de l'Etat, d'abord, qui bénéficient depuis
un décret impérial du 9 novembre 1853 de
Napoléon III de 15 jours de congés payés.
En 1900, les salariés du tout jeune métro
parisien obtiennent 10 jours de congés payés.
En 1905, c'est au tour des salariés des
entreprises électriques de se voir
gratifier de 10 jours (et même 12 à
compter de 1907). En 1906, les salariés des
usines à gaz rejoignent les rangs et en
1913 les employés de bureau et de commerce
obtiennent une semaine. Après la guerre, le
mouvement continue avec la Société des
transports en commun de la région
parisienne (l'ancêtre de la RATP) qui
accorde... 21 jours de congés payés à ses
salariés. |
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Une
loi discutée et voté en quelques jours de
juin 1936
Avec la victoire du Front Populaire aux législatives
du 3 mai, un formidable mouvement de grève
éclate. Les revendications portent sur la
revalorisation des salaires, la limitation
de la durée de travail à 40 heures par
semaine... et les congés payés. Léon Blum
perçoit l'importance de la demande « d'être
payé à ne rien faire » et de profiter du
temps libre. Il en fait l'un des sujets mis
sur la table de ce qui deviendra les accords
de Matignon, conclus entre la CGT et la Confédération
générale de la production française
(l'organisation patronale ancêtre du Medef)
dans la nuit du 7 au 8 juin.
Ensuite,
tout va aller très vite. Léon Blum
s'appuie sur un haut fonctionnaire de
gauche, Charles Picquenard, directeur de
cabinet au ministère du Travail, qui est
chargé de rédiger un projet de loi en accéléré
dans la nuit du 8 au 9 juin.. Le texte législatif
est court et simple : la loi s'applique à
tous les salariés liés à un employeur par
un contrat de travail.. La durée des congés
payés est de quatorze jours, dont douze
ouvrables, après un an de services
continus, et d'une semaine, dont six jours
ouvrables, pour six mois de services.
Déposé
le mardi 9 juin à la Chambre des députés,
le texte est voté le 11 à l'unanimité des
592 votants.
Au Sénat, le 17 juin, le vote à
main levée est aussi massif pour cette «importante
réforme sociale permettant au chef de
famille de partager avec les siens les jours
de vacances auxquels son travail lui a donné
droit». La loi est promulguée le 20 juin.
Ainsi, en quelques jours, une réforme
sociale considérée comme utopique pendant
des décennies est finalement adoptée. On
connaît la suite avec ces images des
premiers départs massifs (et encore il ne
furent qu'environ 600.000 en 1936, puis 1,8
million en 1937), l'essor des colonies de
vacances, l'invention des billets SNCF à
tarifs réduits, etc... |
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2
puis 3, puis 4, puis 5 semaines
Après la guerre, le mouvement va de nouveau
s'amplifier. Véritable « laboratoire
social » avec, à sa tête, Pierre Dreyfus,
la régie Renault accorde à ses salariés,
en 1955, une troisième semaine. Et, contre
l'avis des pouvoirs publics, une quatrième,
sept ans plus tard. Elle entraîne dans son
sillage plusieurs autres entreprises. Les
gouvernements successifs généraliseront
cette mesure par les lois du 27 mars 1956
(Guy Mollet) 3 semaines, puis du 17 mai 1969
(Maurice Couve de Murville), 4 semaines de
congés. « Vous n'avez aucun sens de la
discipline, mais vous avez bien fait »,
confiera De Gaulle à Pierre Dreyfus. Enfin,
pour l'instant dernier chapitre de cette
histoire - si l'on ne tient pas compte des
« RTT » - , l'ordonnance du 13 janvier
1982 (gouvernement Mauroy) instaurera la
cinquième semaine de congés payés
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