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C'est l'heure de vérité pour l'Europe sociale

 

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                     mis en ligne le 24 juin 2013

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Article de Laurent Berger, Luc Bérille, Thierry Lepaon, Philippe Louis et Bernadette Ségol.

Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT Luc Bérille, secrétaire général de l'Unsa Thierry Lepaon, secrétaire général de la CGT Philippe Louis, président de la CFTC Bernadette Ségol, secrétaire générale de la CES
Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT Luc Bérille, secrétaire général de l'Unsa Thierry Lepaon, secrétaire général de la CGT Philippe Louis, président de la CFTC Bernadette Ségol, secrétaire générale de la CES

 

 

 

 

En écoutant certains dirigeants de l'UE, on pourrait croire que la crise est pratiquement terminée. Et pourtant rien n'est moins vrai, comme ne le savent que trop bien les millions d'Européens qui connaissent toujours des difficultés sans précédent et souffrent d'une diminution dramatique de leurs conditions de vie.

Alors que les dirigeants font preuve d'un intérêt de pure forme pour la " dimension sociale " de l'Europe, leurs politiques augmentent encore la pression d'une implacable austérité. Les gens ordinaires font toujours les frais de la crise - au prix de tensions sociales grandissantes et d'inégalités, de pauvreté et de chômage en hausse - tandis qu'on assiste à une montée inquiétante de l'intolérance et de la xénophobie. Cela ébranle le soutien pour l'Union européenne elle-même, comme en témoigne la progression de partis nationalistes anti-UE dans plusieurs Etats membres. A peine 30 % des Européens ont encore une image positive de l'UE. Et, malgré cela, les dirigeants n'ont souvent rien fait pour consolider l'Europe sociale.

Il y a un an, la Confédération européenne des syndicats (CES) présentait son Contrat social pour l'Europe détaillant les mesures nécessaires pour interrompre cette spirale négative et rétablir la confiance de la population. Les actions se font attendre depuis longtemps.
Bien que la CES salue la décision de la Commission européenne d'enfin publier une feuille de route sur la dimension sociale de l'Union économique et monétaire, elle soutient que les nouvelles mesures doivent aller au-delà.

Les dirigeants européens se réuniront pour un nouveau sommet les 27 et 28 juin au cours duquel ils devraient rédiger une feuille de route pour l'Europe sociale. On ne leur pardonnera pas s'ils déçoivent une nouvelle fois.

La dimension sociale de l'UE devrait signifier de meilleures conditions de vie et de travail, la protection sociale, des services publics de qualité et le dialogue social. Mais la réalité est que les dirigeants de l'UE poursuivent leur campagne pour sabrer dans les dépenses publiques et déréglementer à tout prix.

En cherchant à établir un marché du travail transfrontalier libre, les gouvernements ont échoué dans la mise en place de mesures de protection des travailleurs avec pour résultat une exploitation généralisée et un dumping social qui ont pris des proportions désastreuses.
Le dialogue social est lui aussi sous tension. Les politiques d'austérité ont sapé le rôle des partenaires sociaux et le droit syndical inaliénable en matière de liberté de négociation collective et de fixation des salaires.

Si rien n'est fait pour interrompre l'implacable montée mensuelle du chômage, dont le taux dépassait 12 % en avril et même le double chez les jeunes, le risque d'une rupture sociale est réel. Les récentes émeutes de Stockholm donnent une idée de l'impact potentiel sur la société.
La CES demande la mise en place d'un revenu minimum dans chaque Etat membre et une hausse significative du salaire minimum légal dans les pays où les syndicats l'estiment nécessaire. Enfin, l'UE doit investir de 1 à 2 % du PIB dans un plan de relance pour rétablir la croissance et lutter contre le chômage.

Partout en Europe, nos priorités sont pour la fin des coupes contre-productives dans les dépenses publiques, l'arrêt de la concurrence transfrontalière poussant à la baisse les salaires et les conditions de travail et encourageant l'évasion fiscale, l'investissement en faveur d'une croissance et d'emplois durables et le soutien au dialogue social et à la négociation collective. L'Europe ne peut se permettre de tarder davantage.

  

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