Une fois de plus, concernant la
Fonction publique, le gouvernement semble vouloir mettre
la charrue avant les bœufs. Pour parvenir à diminuer
le déficit budgétaire, il a en effet décidé de "
stabiliser en valeur les dépenses de personnel ". À
partir du moment où il refuse de réduire les effectifs,
il ne pourra tenir ses engagements que s’il gèle à la
fois le point d’indice et les avancements. Les
fonctionnaires peuvent légitimement en avoir assez d’être
considérés comme une variable d’ajustement de la
politique budgétaire et d’être menés de Charybde en
Scylla : quand on ne manie pas le bâton de la réduction
des effectifs, on agite le chiffon rouge de la baisse
relative de leur rémunération. Malgré le
professionnalisme des intéressés, leur implication et
leur attachement à défendre un service public de
qualité, il en résulte inévitablement pour les agents
une dégradation des conditions de travail et pour le
public une insatisfaction grandissante. Dans le domaine de
la santé, cela pourrait conduire à terme à l’accentuation
des disparités entre ceux qui ont les moyens de se
soigner et les autres.
Une politique responsable consisterait
pour le gouvernement à définir une fonction publique
porteuse des valeurs de justice, d’égalité, de
respect, de solidarité et d’intégrité dont la France
et ses habitants ont besoin, puis à se doter des moyens
qui lui permettent d’atteindre son objectif. Au lieu de
cela, on se fixe une enveloppe budgétaire qui nécessite
de tailler dans les effectifs, de sabrer les
rémunérations et de précariser l’emploi public. Les
fonctionnaires sont conscients de la nécessité de
réaliser des économies pour réduire les déficits, mais
à condition qu’ils soient équitablement répartis. Il
y a trop longtemps qu’on tire sur la corde au risque de
la rompre. Il est aujourd’hui avéré que la révision
générale des politiques publiques (RGPP) est un échec
notoire qui a contribué à distendre les liens entre l’État
et son administration. L’urgence pour le gouvernement
est de renouer avec la Fonction publique : nos militants
sauront le lui rappeler !