Vincent
de Gaulejac,
est
professeur de sociologie
à
l'UFR de
Sciences Sociales
de
l'Université Paris VII - Diderot
Article
réalisé
avec
CFTC DGFiP Alsace.
Merci
à Pascal Thuet |
|
Aujourd’hui CFTC DGFiP 62 vient à vous avec une idée
de lecture. Un ouvrage de référence en termes de
conditions de vie au travail !!! Le titre : Travail, les
raisons de la colère de Vincent de Gaujelac paru en mars
2011 aux éditions Seuil.
Il explique comment les entreprises, en utilisant
l'expression " gestion des ressources humaines
", ont transformé l'humain en ressource au service
du développement de l'entreprise. Avec des exemples
concrets, comme les nombreux suicides à France Télécom,
Vincent de Gaulejac décrit les pratiques de gestion des
entreprises, qu'elles soient publiques ou privées, et la
souffrance qu'elles créent chez les travailleurs.
Alors que le suicide de salariés demeure un véritable
fléau, force est d’admettre que "la souffrance au
travail" n’est pas un simple slogan. Le premier
mérite de l’ouvrage de Vincent de Gaulejac, directeur
du Laboratoire du changement social et tête de file du
courant de la sociologie clinique, est de fournir un
constat circonstancié des maux contemporains du travail.
S’appuyant sur de nombreux témoignages et documents,
rapports officiels ou minutes de procès, l’auteur
reconstitue notamment les histoires tragiques des suicides
de France Télécom ou du centre Guyancourt de Renault, et
revient sur des cas plus anciens, comme ceux d’IBM.
Effectifs, exigences insensées de performance
individuelle…, autant de méthodes que la justice a
désormais reconnues comme responsables. Les entreprises
privées n’ont pas le monopole du malaise au travail,
rappelle V. de Gaulejac. La mode du public management,
traduite en France depuis 2007 par la RGPP (révision
générale des politiques publiques), a propagé le mal
aux services publics, du Pôle emploi à l’hôpital en
passant par l’Éducation nationale et la police. Dans
chacune de ces administrations, l’exigence d’efficacité
est souvent allée de pair avec une remise en cause de la
culture du service public, et pour les agents, avec le
sentiment d’une perte de sens.
L’ouvrage de V. de Gaulejac vaut ensuite pour son
analyse des dispositifs mis en place pour pallier les
souffrances du travail. Les méthodes de prévention des
risques psychosociaux proposent aux entreprises une
batterie d’indicateurs et de recettes pour tenter de
déceler le péril avant qu’il survienne. Cette réponse
essentiellement "technicienne" et
"gestionnaire" souffre de laisser de côté les
salariés, dont la prise en compte, notamment à l’heure
de réorganiser les services, semblerait impérative.
Ces méthodes ne s’attaquent pas non plus aux racines du
mal. Arrivé à l’analyse de ces dernières, V. de
Gaulejac se montre malheureusement un peu rapide. Le
capitalisme financiarisé aurait institué la
"création destructrice" en mode de
fonctionnement, remplacé l’ancien ordre industriel par
un management du chaos, transformant les entreprises en
"organisations paradoxantes" qui déstabilisent
leurs salariés, quand elles ne les broient pas. À
représenter ainsi le management contemporain comme un
rouleau compresseur, l’auteur risque de renforcer ce qu’il
déplore : le sentiment d’impuissance des salariés et
des agents. Or comme l’indique la persistance des
conflits au travail, ceux-ci demeurent vigilants.
De cet ouvrage nous vous recommandons particulièrement,
et pour cause, la deuxième partie : Malaise dans les
institutions publiques :
Chap 7 La nouvelle gestion publique
Chap 8 " La RGPP m’a tué
"
Chap 9 La réforme hospitalière, un
exemple de prescriptophrénie aiguë
Chap 10 L’obsession évaluatrice
Chap 11 Violence paradoxale, paradoxes de la violence
|
|