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La violence commence où la parole s’arrête "
Cette
remarque de Marek Halter m’est spontanément revenue
en mémoire, alors que la presse nous annonçait une
nouvelle vague de suicides de salariés sur leur lieu de
travail. Incapables d’exprimer par des mots la
souffrance et l’injustice qu’ils ressentent face aux
réorganisations de leur poste de travail, culpabilisés
par la remise en cause de leurs compétences et de leur
savoir-faire, ils finissent par retourner contre eux la
violence dont ils sont victimes.
D’autres,
comme à la Sernam, trouvent dans la séquestration de
leur DRH le meilleur moyen d’exprimer leur colère,
face à une direction contrainte d’appliquer une
directive de la Commission européenne qui se traduira
par leur licenciement.
D’autres
enfin, comme les éboueurs du Grand Lyon, ont décidé
de protester contre la privatisation de leur entreprise
en lançant, il y a deux semaines, un mot d’ordre de
grève illimitée. La France n’est pas isolée :
après la Grèce, c’est le Portugal, cette semaine,
qui a lancé une journée de grève générale pour
protester contre le plan d’austérité dont les
salariés et leur famille subissent les effets, avant l’Espagne
le 28 mars et l’Italie prochainement..
Suicides,
séquestration, grèves… trouvent leur origine dans la
rentabilité immédiate et la plus élevée possible du
capital investi à laquelle les entreprises sont
contraintes de se soumettre au mépris de la dignité
des personnes. Comment peut-il en être autrement dans
un monde où la concurrence est érigée en règle ? À
la CFTC, nous ne voulons pas de cette société-là,
mais d’une société pacifiée où le dialogue, la
raison et le souci du bien commun l’emportent sur la
violence.
Enfin,
je ne peux pas ignorer ce qui s’est passé à Toulouse
ces derniers jours. Face à la haine et à la violence
qui ont fait des victimes innocentes, l’heure est au
recueillement et non au procès d’intention. Il faut
laisser les pouvoirs publics travailler dans la
sérénité afin de faire la lumière sur les zones d’ombre
qui subsistent, sous peine d’ajouter à la douleur et
à l’incompréhension des familles du désespoir.
Pascale
Coton
Secrétaire
générale
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