Réconcilier l'économie et le social pour un
dialogue permanent
Trente années de crise économique nous ont au
moins appris une chose :
méfions-nous des pays qu’on érige
en modèle pour leurs vertus plus souvent supposées que réelles
!
Au tournant des années 2000, politiques, économistes
et chefs d’entreprise français ne voyaient que par le modèle
hollandais qui réussissait si bien en matière de lutte
contre le chômage. Ils déchantèrent rapidement
lorsqu’ils apprirent – mais l’ignoraient-ils vraiment
? – que les Pays-Bas excluaient des chiffres du chômage
certaines catégories de demandeurs d’emploi, notamment
les personnes handicapées, et comptaient un taux d’emploi
féminin parmi les plus faibles des pays de l’Union européenne
Plus près de nous, nos experts n’avaient d’yeux que pour les
modèles irlandais et espagnol. La crise est passée par là
et ces deux pays sont au bord de l’asphyxie. La véritable
raison de ces échecs est à chercher dans la primauté accordée
à l’économique au détriment du social. Or, l’un ne peut
aller sans l’autre.
Aujourd’hui,
c’est le modèle allemand qui est paré de toutes les
vertus. L’avenir nous dira quel sort lui sera réservé,
mais on peut d’ores et déjà constater que le
gouvernement d’Angela Merkel a cherché, dans sa gestion
de la crise, à conserver un maximum de cohésion sociale en
associant les partenaires sociaux aux réflexions et aux décisions
qui les concernent.
On
voudrait faire la même chose en France, mais force est de
constater que le dialogue social est en panne. Pour le
relancer, la CFTC propose depuis plusieurs années que soit créée
une structure permanente du dialogue social, composée de représentants
des organisations syndicales et patronales et qui aurait pour
particularité d’envisager les questions économiques et
sociales dans leur global ité.
Ainsi pourrait-on aborder le temps de travail et la compétitivité
des entreprises en intégrant à la réflexion les conditions
de travail, la formation, les salaires… De la même manière,
on pourrait débattre de l’avenir de la protection sociale
en y associant la question de son financement : ce qui n’a
jamais été fait jusqu’à présent. Nous devons nous donner
les moyens d’aborder, ensemble, les questions posées, même
si les avis divergent. L’expertise qui en sortira
constituera un tremplin pour la négociation. Il faudra,
ensuite, créer un véritable partenariat avec l’État.
Il existe cependant un préalable à la réussite d’une telle
organisation : que tous nous nous débarrassions de nos
postures et que nous abordions la situation en vérité.