Le rapport présenté
ce jour aux membres de la Commission Nationale de Négociation
Collective dresse une fois de plus un constat alarmant sur la
situation des salariés. Malgré cela, il préconise que la
prochaine réévaluation du SMIC soit limitée au minimum légal
prévu par le Code du travail. La CFTC considère que chaque
salarié devrait pouvoir vivre décemment du fruit de son travail,
or c'est loin d'être le cas en France et la situation se
dégrade d'année en année.
Les solutions du
gouvernement constituées par des allégements des cotisations
sociales patronales n'ont pas eu d'impact positif sur les niveaux
des salaires. Bien au contraire, ces exonérations, notamment en
raison de la dégressivité du barème des allègements,
n'incitent pas les employeurs à mieux rémunérer les salariés.
En effet, plus les salaires sont bas, plus les allègements de
charges sont intéressants, d'où des progressions de salaires
moindres.
Face à ce constat, la
CFTC considère que la progression salariale doit impérativement
passer par un relèvement du seuil du SMIC conséquent
et non pas, par des avantages accordés aux seules entreprises qui
malheureusement n'en font que rarement bénéficier les salariés.
Aussi, pour la CFTC, seule une hausse générale des
salaires et non de ses accessoires pourra régler la problématique
cruciale du pouvoir d'achat. En effet, certains salariés
n'atteignent parfois le SMIC que grâce à des primes ou des
majorations conjoncturelles et temporelles.
La CFTC considère que
respecter la dignité des personnes, c'est leur permettre de vivre
de façon autonome de leur travail sans avoir besoin d'aides
sociales. Le rapport est accablant sur ce point puisqu'il met en
exergue, qu'en raison de l'insuffisance du temps de travail dû à
la multiplication des CDD, trop souvent entrecoupés de période
de recherche de travail, ainsi qu'en raison du développement du
temps partiel subi, trop nombreux sont les travailleurs au SMIC
qui aujourd'hui ne peuvent plus vivre décemment sans aides
sociales de type RSA ou autres.
Certes, la CFTC se félicite
que des transferts sociaux existent pour aider ces salariés, qui
n'arrivant pas à travailler à temps plein, n'ont pas les moyens
financiers de vivre décemment. Mais, elle déplore la généralisation
des contrats précaires qui ne permettent pas aux salariés de
vivre de leur seul salaire.
La CFTC tient surtout
à rappeler que le montant du Smic est aujourd'hui insuffisant
pour permettre à un salarié et à sa famille de vivre décemment.
Parce qu'il doit être donc un instrument de justice sociale, son
montant doit être fixé et revalorisé par l'Etat garant du bien
commun.La situation actuelle est la conséquence directe de
l'insuffisance des négociations de branche et d'entreprise, qui
ne permet pas aux salariés de bénéficier de minimas de branche
ou de politiques salariales s'adaptant aux évolutions du coût de
la vie.
Aussi, la CFTC est
favorable, pour les entreprises ressortissantes de branches dont
le minimum conventionnel est inférieur au SMIC, au dispositif de
calcul des exonérations de cotisations sociales sur ce minimum
conventionnel.
En revanche, la CFTC
est fermement opposée au report de la date d'entrée en vigueur
de ce critère de 2011 à 2013. En effet, si l'alignement des
minima conventionnels sur le Smic a progressé, c'est plus en
vertu de la crainte qui pèse sur les entreprises de voir leurs
allègements et exonérations diminuer, qu'en raison d'une volonté
plus importante d'ouvrir des négociations.
Pour la CFTC, les allègements
et exonérations devraient donc être conditionnées à la
signature préalable d'un accord salarial ; cette
contrainte serait une forme d'incitation adressée aux branches
afin que des efforts soient réalisés en matière de négociation
d'accords salariaux.
La CFTC demande donc
au gouvernement un geste politique fort en appliquant le mécanisme
du « coup de pouce », permettant à plus de 3 millions de salariés
de bénéficier d'une amélioration de leur revenu. Dans un
contexte économique qui reste incertain et difficile, face à une
crise qui perdure, où des milliards d'euros sont injectés,
notamment dans la sphère financière, il nous semblerait juste
qu'un effort soit consenti pour soutenir les populations les plus
démunies. Cela relève de la justice sociale.
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