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  vendredi
           6 mai  2022
                    à 14 h 30
                    
       

 

Les révélations du journaliste indépendant Victor Castanet, dans son livre « Les Fossoyeurs », ont secoué la société. Nombreux sont celles et ceux à avoir pointé du doigt les modalités de contrôle des Etablissement d'Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes (Ehpad).

 
               
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Frédéric Fischbach, secretaire général de la Fédération CFTC Santé Sociaux, répond aux nombreuses questions que l’on peut se poser.

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Pensez-vous que le scandale Orpea se résume à une question de surveillance ?

À l’heure actuelle, il faut savoir que les Ehpad s’autoévaluent tous les cinq ans. Toutefois, cette évaluation n’est pas optimale puisqu’elle vise à déterminer si les établissements ont bien respecté des pratiques qu’ils ont eux-mêmes énoncées, avec des critères d’autoévaluation caractérisés par une standardisation des procédés où la performance technique n’est mise en avant que pour le suivi informatique et/ou la recherche de normes productives, comme le temps effectué pour certaines tâches du quotidien, toilettage et autres.

Pour éviter les dérives financières que nous avons pu observer dans l’affaire Orpea, il faut, bien entendu, de la surveillance. Il faut notamment des contrôles menés par les Agences régionales de santé (ARS) sur le bon usage du budget octroyé. Mais attention, il ne faut pas que ce soit de simples contrôles administratifs. Il faut concrètement aller voir le travail effectué par les équipes sur le terrain concernant les conditions d’accueil, de prise en charge et d’accompagnement des usagers.

        

L’enquête livrée dans l’ouvrage de Castanet évoque et illustre par des récits la question problématique de la gestion des tâches en Ehpad, que pouvez-vous nous en dire ?

Le contrôle de l’activité se concentre sur le temps consacré à chaque tâche et privilégie le temps des tâches mécaniques (lever, laver, habiller, etc..) au temps des tâches « sociales », renforçant de fait l’industrialisation des relations avec les personnes âgées. Ainsi le renforcement des contrôles, s’il s’avère utile, ne réglera pas pour autant tous les dysfonctionnements vécus au quotidien par les personnes accueillies dans les établissements.

       

Justement, que dit la CFTC, elle qui défend la dignité absolue de la personne, face à ces dérives ?

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À la CFTC, nous pensons que nous ne pouvons pas seulement nous fier à un accueil mécanique. Ces personnes ne sont pas juste des numéros ou de « l’or gris », comme on a pu l’entendre. Elles ont participé à la prospérité de notre pays et nous nous devons de prendre soin d’elles jusqu’au bout. Nous ne devons pas quantifier le temps qui est donné aux tâches.

La CFTC est pour une ré-humanisation du processus d’accueil, de la prise en charge et de l’accompagnement des usagers, voire même pour une ré-humanisation de la personne âgée, qui, souvent, n’est plus considérée comme appartenant à la société.

Nous devons veiller à ce que son intégrité physique et morale soit respectée. Nous avons une dette sociale envers ces personnes. Nous nous devons de les prendre en charge de la meilleure des façons. C’est pourquoi la CFTC défend la création de médiateurs conventionnels, indépendants et impartiaux mis à la disposition des résidents, afin d’entendre leur voix et de leur permettre de résoudre les différends qu’ils rencontrent au sein des établissements.

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Qu’en est-il du personnel soignant ?

Le concernant, nous remarquons depuis un moment que les démissions « pleuvent » dans ces corps de métier : les soignants perdent l’envie de soigner, les jeunes tournent le dos à cette vocation...

      

Comment leur redonner envie ?

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À la CFTC, nous pensons que pour redonner envie, il faut déjà mieux former. Si plusieurs raisons expliquent les démissions à répétition et les difficultés de renouvellement des postes, c’est en partie parce que une fois en situation, les professionnels font face à une réalité lourde à laquelle ils n’ont pas été suffisamment formés, correctement préparés et encadrés. Nous avons bien vu la panique des jeunes infirmier(e)s mobilisé(e)s lors de la crise du Covid-19. Nous devons donc renforcer la formation.

Cela peut passer, par exemple, par un panier minimum de services autour du service national universel, afin de se lier au tissu associatif pour faire naître des vocations ou pour que les jeunes soient réellement confrontés aux difficultés que ces métiers peuvent représenter.

Il y a eu une évolution, en termes de formation et de recrutement, avec la mise en place de l’apprentissage pour les aides-soignant(e)s, ce qui permet à la fois de préparer petit à petit la personne au métier, tout en continuant à suivre une formation académique. Toutefois, le prix de cette formation, à savoir 5 000 euros, peut en décourager beaucoup. C’est pourquoi la CFTC est pour sa gratuité.

Il faudrait également augmenter le nombre de places dans ces formations et mieux cibler le profil des candidat(e)s pour éviter les démissions par la suite. Il faudrait aussi faciliter l’entrée en formation des aides-soignant(e)s qui souhaitent devenir infirmier(e). Et je le répète, mais il faut absolument démystifier la personne âgée auprès des jeunes et former ces derniers aussi bien aux soins techniques que « relationnels ».

      

Le principal levier d’amélioration ne serait-il pas la revalorisation des diplômes et des parcours professionnels liés aux métiers de l’accompagnement à l’autonomie ?

 

Oui, tout à fait. La CFTC souhaite, par exemple, que les préconisations du rapport El Khomri « Plan de mobilisation nationale en faveur de l’attractivité des métiers du grand âge » soient mises en application.

Mais il ne faut pas oublier que cette revalorisation des diplômes et des parcours passe d’abord par la reconnaissance des métiers de l’accompagnement à l’autonomie. Ces métiers dit du « care », à savoir du soin, ont une forte valeur sociale ajoutée mais ne sont pas reconnus. La CFTC défend depuis longtemps la reconnaissance de l’utilité sociale de ces métiers pour qu’ils soient mieux rémunérés. Notons d’ailleurs que la résolution de ce problème participerait à améliorer l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes puisque les métiers du soin sont principalement occupés par des femmes.

 

 

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