10 octobre 2021 

     10 h 00

                              

Le déploiement d’innombrables objets connectés, notamment pour donner vie au concept de “ville intelligente”, pose certes des questions de protection de la vie privée, mais constituent-ils davantage un remède ou une source supplémentaire de pollution numérique ? Une mission a été confiée à France Stratégie pour trancher la question.

 

Le secrétaire d’État à la Transition numérique, Cédric O (à gauche), et la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili visitent les locaux de la société de revente d’appareils électroniques de seconde main Back Market.

 

Santé, transports, agriculture, industrie, logistique urbaine, surveillance… Tous les domaines d’activité semblent avoir à tirer parti de la « révolution de l’Internet des objets ». Une révolution promise de longue date, tant par les entreprises du secteur que par les élus locaux, qui y voient un levier de modernisation de l’image de leur collectivité et d’optimisation d’une multitude de processus. Et donc une source non négligeable d’économies, notamment énergétiques.

Cette révolution tant attendue des objets connectés, intimement liée au concept de « smart city » (ville intelligente), a été remise au goût du jour avec le déploiement, très attendu lui aussi, de la 5G, ce nouveau réseau mobile censé s’adapter aux besoins. Jusqu’à présent, il fallait déployer des réseaux de télécommunications spécifiques aux objets connectés pour que ceux-ci fonctionnent de manière optimale, ce qui ne sera plus le cas avec la 5G. Afin de s’assurer que les promesses de cette technologie et des objets connectés sont véritablement compatibles avec son plan « Numérique et environnement », le gouvernement a demandé à France Stratégie de plancher sur les « principaux impacts des technologies de l’Internet des objets ».

La lettre de mission date du 27 mai dernier, et elle est conforme à l’esprit de la feuille de route du gouvernement présentée en février 2021, qui cherche aussi bien à réduire l’impact environnemental du numérique qu’à l’utiliser, précisément, pour réduire notre impact sur l’environnement. L’organe d’évaluation et de prospective rattaché au Premier ministre se voit ainsi chargé d’étudier l’impact des objets connectés sur l’environnement, « tant par leur empreinte écologique directe et indirecte que par leur contribution à la réduction des émissions de gaz à effet de serre en France », écrivent la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, et le secrétaire d’État chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques, Cédric O, dans la lettre de mission envoyée à France Stratégie.

   

        Questions sociétales

À l’instar de toute nouvelle technologie, le déploiement des objets connectés et de leurs différents usages ne va pas sans poser des questions sociales et sociétales. France Stratégie devra donc en analyser l’impact « sur la vie quotidienne des Français », et notamment en étudier « l’acceptabilité » et les « conséquences sur les données personnelles et sur la vie privée ». Le déploiement des objets connectés, qui ne sont autres que des capteurs de données en tous genres, s’accompagne en effet de craintes d’une société de surveillance généralisée, comme l’ont montré les exemples du projet de « safe city » développé par Google à Toronto, au Canada, de l’application smartphone « Reporty » de la ville de Nice permettant de filmer et de dénoncer des incivilités, ou encore de l’expérimentation de micros intelligents afin de détecter des situations à risques à Saint-Étienne. Tous trois ont finalement été abandonnés ou interdits. Ce qui n’a pas empêché l’État et les collectivités de signer en février 2020 un contrat de filière avec les industries de sécurité, pour encourager les expérimentations de « smart cities ». 

L’étude de France Stratégie devra notamment fournir un état des lieux des applications concrètes et des principaux usages à venir dans les cinq prochaines années, un panorama des « opportunités, des risques et des impacts potentiels de ces technologies » pour les citoyens, les entreprises, les territoires et l’environnement. Avec son comité d’experts, France Stratégie devra également fournir un panorama des différentes positions argumentées des parties prenantes (les entreprises et clients) et représentants de la société civile (associations de défense des libertés notamment) sur ces technologies et leurs usages. L’étude devra enfin proposer des recommandations au gouvernement, notamment en matière de régulation et de législation, mais aussi des pistes d’action à l’attention de tous les décideurs publics pour les aider à appréhender « les futurs effets sociaux, sociétaux et environnementaux des objets connectés ». Autant de « livrables » qui devront être remis d’ici la fin de l’année.

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France Stratégie est une institution rattachée au Premier ministre. Elle a été créée par un décret du 22 avril 2013. Elle a pour objectif de concourir à la détermination des grandes orientations pour l’avenir de la nation et des objectifs à moyen et long terme de son développement économique, social, culturel et environnemental, ainsi qu’à la préparation des réformes.

 

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