27 décembre  2020     

                                      

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La  France s’est placée  à l’avant-garde  européenne  de la politique  de  la donnée  et des codes  sources  depuis  2013, mais l’avance  acquise est fragile. Le ton donné à son rapport par la mission Bothorel sur l’ouverture des données et des codes sources publics et celle des données privées dites d'intérêt général balance entre optimisme et constat d’échec, ou du moins d’insatisfaction. La mission avait été lancée avec près d’un an de retard en réponse au référé de la Cour des comptes pointant les manquements à l’ouverture des données chez 3 opérateurs du ministère de la Transition écologique, et en particulier à l’IGN, dont le modèle économique était incompatible avec la gratuité de ses précieuses données géographiques.

 

La politique de la donnée est aujourd'hui bloquée dans un débat inapproprié, “pour ou contre l’ouverture”, qui conduit à changer d’objectif alors qu’il faut changer de méthode”, poursuit le rapport remis ce mercredi au Premier ministre. A tel point, que le partage de données entre administrations de l’État serait aujourd’hui “scandaleusement faible, tout comme le partage entre l’Etat et les collectivités.  

Plutôt qu’une révolution, l’essentiel de l’arsenal législatif étant déjà en place, la mission liste toute une série de mesures d’ordre opérationnel sur la mise en application des principes déjà posés par la loi. Elle insiste en tout premier lieu sur la nécessité d’un haut portage politique des enjeux relatifs à la politique publique de la donnée et des codes sources

 

      Codes sources et logiciels libres

Si l’ouverture et l’exploitation des données a son département dédié avec Etalab, celle des codes sources et les algorithmes souffre de l’absence d’une mission pilote à même d’animer la stratégie de l’État en la matière et une vraie communauté de contributeurs et réutilisateurs. Un écueil que le député propose de combler avec la création d’un bureau de la stratégie open-source ou d'une mission logiciels libres dédiés au sein de la Dinum, où existe pour l’heure et depuis fin 2018 un unique poste de référent logiciels libres. Cette proposition avait été largement mise en avant lors de la consultation publique organisée avant la finalisation du rapport.

Le logiciel libre n’est, selon le rapport, pas une idéologie déconnectée des besoins des administrations mais au contraire le moyen de créer enfin du partage et de la mutualisation dans le secteur public, d’éviter que deux administrations s’épuisent sur un même problème sans le savoir et sans se parler, enfin de permettre à l’administration et à l’économie de s’enrichir mutuellement en développant ensemble des outils d’intérêt général. Le développement du logiciel libre serait, en prime, une bonne réponse au déficit d’attractivité de l’État auprès des talents du numérique, auquel la mission consacre par ailleurs tout un chapitre et plusieurs recommandations.

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      Renforcer les institutions

Même si la mission met l’accent sur des mesures très concrètes et pratiques pour accélérer l’ouverture des données et codes sources, celle-ci ne fait pas l’économie d’une remise en cause du fonctionnement des institutions. Le rôle de la commission d’accès aux documents administratifs, instance créée en 1978 pour régler les différends entre citoyens et administrations sur la communication ou non d’un document administratif (dont font partie les données publiques et les codes sources) appelle à être renforcé, estime la mission Bothorel. Celle-ci déplore en effet que les administrations rechignent encore à jouer le jeu en ne répondant pas assez aux sollicitations de la commission et en ne suivant encore trop peu ses avis, non contraignants.

      Nouvelle impulsion

Au-delà des constats et recommandations avancés par le rapport, c’est bien l’accueil que lui réserve le gouvernement qui in fine  dira si le portage politique requis sera bien au rendez-vous. Les rapporteurs écrivent d'ailleurs noir sur blanc craindre que leurs recommandations restent lettre morte. Le message semble avoir été bien reçu du côté du cabinet du Premier ministre, qui mise justement beaucoup sur la publication de ce rapport pour créer une nouvelle dynamique auprès des administrations

Ce travail de formalisation de la doctrine interministérielle sur la donnée et les codes sources sera conduit par Amélie de Montchalin, et reprendra la distinction faite par le député entre les notions de partage et d’accès aux données qui succèdent à l'univoque principe d’ouverture, précise le cabinet du premier ministre. En gage de bonne volonté, et en attendant d'examiner plus en détails les recommandations du rapport, le gouvernement devrait prochainement annoncer une série de jeux de données et de codes sources publics à ouvrir en priorité. 

 

 

 

 

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